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17 novembre 2012 6 17 /11 /novembre /2012 18:13

 

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Si l’abbaye de Cadouin, classée patrimoine mondial, site majeur d’Aquitaine et attire chaque année de nombreux visiteurs, ne se présente plus, elle abrite pourtant, dans son ombre, son ainée, l’église Saint Barthélémy de Salles.

Survivante parmi les plus anciennes églises fortifiées, construites au cours du XIIe siècle sur le territoire, entre 1050 et 1095, c’est à la fois un témoignage rare de l’architecture religieuse du Périgord et une racine profonde de notre mémoire. Un héritage de quelques neuf siècles,  discrètement niché dans la prairie, à l’écart de toute agitation touristique, au cœur du hameau de Salles de Cadouin. La belle endormie qui somnolait, se voit réveillée par la restauration de ses vieilles pierres. Une deuxième tranche de travaux demeure a effectuer, cependant la célébration du culte a reprit son cours.

Ce matin de novembre, curieuse, je vais assister à cette messe du renouveau. La traversée de la forêt m’enchante ! L’automne explose en couleurs chaudes, déclinant toute la gamme des jaunes et des ocres. De loin, j’aperçois de nombreux fidèles entrer dans l’édifice au son de la cloche.

Le son de la cloche… Il résonne et s’éparpille dans la campagne, un peu aigrelet, délicieusement désuet, un son d’autrefois qui appelait les paroissiens… Je déplore brusquement l’alignement de véhicules à moteurs rangés le long du chemin, sans leur présence je pourrais m’imaginer quelques siècles plus tôt.

Malgré la douceur automnale, à l’intérieur règne un froid glacial qui pénètre sous les vêtements pourtant confortables. Les gens sont sagement installés sur des chaises bancales, de part et d’autre de l’allée aux vieux pavés de pierres disjointes. Un rayon de soleil qui entre par le vitrail à l’Est, illumine le chœur, créant une ambiance paisible et sereine.

Quelques mots du maire, heureux d’avoir réussi la restauration de ce petit bijou, et l’office commence. Je m’interroge. Qu’est ce que je fais là ? Ai-je vraiment des convictions religieuses, où seulement des réminiscences de l’éducation classique reçue dans mon enfance ? La vérité c’est que je n’en sais rien ! Ce lieu m’incite à la méditation.

Il est vrai qu’au cours des siècles passés, l’ingérence et l’influence de l’église au sein des familles étaient excessives. Cependant, les conseils donnés distillaient une certaine morale. La notion de pêché assortie de la promesse de l’enfer freinaient sans doute un peu certaines velléités indésirables. Mais l’âme humaine étant ce qu’elle est, les faits graves demeuraient ils cachés au lieu d’exploser au grand jour comme maintenant. Bref, durant mon enfance j’étais assez réceptive à ce que notre brave curé essayait de nous inculquer. « L’état de grâce » dans lequel nous étions sensés être après la confession où la communion, je le ressentais physiquement. J’étais légère et joyeuse, comme une bulle de savon, j’aimais le monde entier et le monde entier m’aimait ! Pourquoi est ce que ce matin, je me sens quelque peu euphorique et si proche de cet état là ?

Habituellement je m’ennuie à la messe. Autant mon amour du petit patrimoine, peut m’entrainer dans une modeste chapelle perdue où je vais me ressourcer, seule, autant suivre une cérémonie quelconque avec application et recueillement m’est impossible. La petite Mimie est bien loin, l’électron libre Michèle l’a remplacé au fil des ans.

En fait je ne suis pas attentive au déroulement de la messe. Mon esprit vagabonde quelques siècles plus tôt. Je pense intensément à ces lointains ancêtres que j’ai rencontrés dans les pages des registres paroissiaux puis d’état civil. Un bon nombre repose dans le petit cimetière attenant. Bien qu’il ne demeure pas de tombes identifiables, je sais qu’ils sont là. Cette petite église magique qui reprend vie a été le témoin de leur existence. Baptêmes, mariages, sépultures, c’était ici. Au temps où le curé écrivait un acte dans ses registres pour autoriser Jeanne à épouser Pierre. Procédait à une cérémonie de fiançailles puis trois semaines plus tard au mariage. Je suis bien, je sens leur présence, dans mon esprit, elle ne peut qu’être bienveillante. J’entends claquer leurs sabots sur les dalles…

La messe est terminée, tout le monde sort…

Pour fêter l’événement les dames du village ont confectionné des gâteaux, les boissons sont aussi au rendez vous et tous, même le curé, se livrent joyeusement au péché de gourmandise. Que vois-je ? Un fondant au chocolat… Moi aussi…

Saint Barthélémy de Salles je reviendrai !

Michèle

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